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Le réchauffement est plus marqué en Suisse qu’en moyenne mondiale

Le réchauffement est plus marqué en Suisse qu’en moyenne mondiale

La température moyenne a gagné près de 2 degrés en Suisse depuis l’ère préindustrielle, selon un rapport publié lundi. Et sans des mesures contre le réchauffement, elle pourrait encore bondir de 4,8 à 6,9 degrés d’ici 2100, avec de multiples conséquences préoccupantes.

Le rapport « Changements climatiques en Suisse – Indicateurs des causes, des effets et des mesures » de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) fait le point sur le réchauffement. Il constate que la hausse moyenne de température en Suisse est deux fois plus élevée que la moyenne mondiale. Les conséquences, elles, se manifestent par des vagues de chaleur plus fréquentes et un fort impact sur la nature et la santé humaine.

Les cinq années les plus chaudes de la série de mesures dont on dispose (1864-2019) ont toutes été enregistrées après 2010.

Encore et toujours le CO2

Le réchauffement climatique mondial est principalement dû aux émissions de gaz à effet de serre libérées par les activités humaines, rappelle le document. En Suisse, les émissions de CO2 ont été multipliées par six entre 1900 et 2018. Elles ont légèrement diminué depuis 2005 et s’élevaient à 46,4 millions de tonnes d’équivalents CO2 en 2018. Mais cette valeur n’inclut pas l’impact global de la consommation suisse. En 2015, environ 70% des émissions de gaz à effet de serre ont été générées à l’étranger.

Les changements climatiques sont particulièrement visibles sur les glaciers, qui reculent depuis plus de 100 ans. Ces dix dernières années, ils ont perdu tous les ans 2% de leur masse. Il est probable que d’ici la fin de ce siècle, il ne restera plus que de rares vestiges de glaciers dans l’espace alpin.

La température des lacs et des cours d’eau suisses augmente également. Dès que l’eau dépasse les 25 degrés, certaines espèces de poissons comme les ombres et les truites de rivière sont en danger. Les vagues de chaleur des étés de 2003, de 2015 et de 2018 ont entraîné la mort de nombreux spécimens.

Toujours plus de printemps précoces

Le monde végétal est lui aussi soumis à forte pression. Dans tout le pays, des espèces telles que le cerisier bourgeonnent de plus en plus tôt, et sont plus vulnérables aux gelées tardives. En Suisse, entre 1951 et 2019, un début de printemps « très précoce » a été enregistré pour neuf années, dont sept depuis 1990.

Les vagues de chaleur, toujours plus fréquentes, ont un impact direct sur la santé humaine. Durant la canicule de 2003, 975 décès supplémentaires ont été enregistrés en Suisse entre juin et août. Une surmortalité a également été observée lors des canicules de 2015 et de 2018, cependant moins forte qu’en 2003.

Scénario pessimiste et scénario optimiste

Si les émissions mondiales de gaz à effet de serre poursuivent leur hausse, la température moyenne en Suisse pourrait augmenter, d’ici à 2100, de 4,8 à 6,9 degrés par rapport à l’ère préindustrielle, selon le rapport. D’après ce scénario pessimiste, les précipitations estivales moyennes pourraient diminuer de 25% d’ici au milieu du 21e siècle et jusqu’à 40% d’ici la fin du siècle.

Mais avec des mesures efficaces de protection du climat, le réchauffement moyen pourrait être contenu entre 2,1 et 3,4 degrés. Cela permettrait d’éviter près de la moitié des conséquences possibles liées au climat en Suisse d’ici à 2060 et près des deux tiers d’ici à 2100. 

 

 

 

Le solaire est devenu l’électricité la moins chère de l’histoire

Le solaire est devenu l’électricité la moins chère de l’histoire

Selon l’Agence internationale de l’énergie, le courant photovoltaïque est désormais moins coûteux que le charbon ou le gaz. Pionnière dans cette technologie, la Suisse tente de rattraper son retard en capacité de production.
Cachée dans les annexes du rapport 2020 de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’information n’a pas échappé aux observateurs attentifs: jamais encore une source d’électricité n’avait été aussi peu coûteuse que l’énergie solaire.

Selon les dernières estimations de l’organisation, publiées à la mi-octobre, le coût de revient de ce courant est descendu jusqu’à 2 centimes par kilowattheure. C’est bien moins que celui du charbon ou du gaz. Moins que toutes les sommes observées à ce jour dans l’histoire de l’énergie.

Plus cher en Suisse

Les montants varient beaucoup en fonction de l’exposition des sites, mais aussi des politiques publiques appliquées. Selon Martial Genolet, responsable de la ligne d’affaire du solaire chez Romande Energie, c’est par exemple au Portugal que des records sont actuellement établis. Des centrales y sont posées au sol pour des coûts qui se révèlent inférieurs au chiffre articulé par l’AIE.

«Au niveau mondial, le coût de l’énergie solaire a chuté d’environ 90% ces dix dernières années, estime l’expert. En Suisse, la baisse est d’environ 75%. Aujourd’hui, il faut compter en tout cas 12 à 18 centimes le kWh pour une toiture sur une villa. Sur un bâtiment industriel, le montant peut descendre à 6 à 7 centimes, car il y aura des économies d’échelle.»

Le prix des panneaux photovoltaïques (PV) s’est effondré durant la dernière décennie. Le subventionnement massif de l’Allemagne et une politique de vente agressive de la part de la Chine l’ont tiré vers le bas. Il en a découlé un mouvement de faillites sans précédent chez les fabricants européens de modules PV.

De nouvelles pistes étudiées

Le Vieux-Continent cherchent d’ailleurs à réactiver une filière industrielle. La start-up de l’EPFL Isolight, qui a mis au point des panneaux générant un meilleur rendement énergétique, suscite beaucoup d’espoir. Ancien géant mondial des scies à silicium, le Bernois Meyer Burger tente aussi de percer dans la fabrication de panneaux PV. Il a décidé de renoncer au marché chinois, accusé de copier sans vergogne les innovations. 

«Ces initiatives pourraient bénéficier du fait que la part du transport devient toujours plus importante dans le prix du module, analyse Lionel Perret, directeur associé du bureau d’ingénieur Planair et délégué suisse à l’AIE. Il faut imaginer qu’aujourd’hui, en Suisse, ce module ne représente que 10% du coût d’installation sur une toiture.»

 Les surfaces supérieures des bâtiments représentent à l’heure actuelle le principal support des panneaux en Suisse. D’autres pistes sont toutefois étudiées signale Martial Genolet: «Des projets pilotes sont actuellement menés, par exemple dans des vignes dans le sud de la France. Des panneaux spécifiques sont déployés sur les cultures. Ils permettent de les protéger quand l’ensoleillement est trop fort et produisent en parallèle de l’électricité. Avec le réchauffement climatique, c’est une voie très intéressante.» Des panneaux verticaux, par exemple chez des agriculteurs, représentent une alternative prometteuse.

Leader technologique, élève très moyen

Ces dernières décennies, la Suisse a beaucoup contribué au développement du photovoltaïque. Elle a davantage tardé à en exploiter le potentiel. Selon un rapport publié en juillet par la Fondation suisse pour l’énergie, elle pointe aujourd’hui à la septième place européenne de la production d’énergie solaire. Comme elle génère peu de courant éolien, elle dégringole à la 24e place si l’on considère tout le bouquet des nouvelles énergies renouvelables qui ne comprend pas l’hydraulique.

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il va falloir mettre les bouchées doubles. Plus précisément les multiplier par 20, selon Swissolar. D’après les calculs de l’organisation faîtière de la branche, il faudra être à même de générer 50 gigawatts de courant solaire pour compenser le nucléaire et le fossile. Les capacités actuelles en assurent 2,5, satisfaisant un peu moins de 4% de la consommation suisse.

«Le gros problème, constate Roger Nordmann, président de Swissolar, ce sont toutes les solutions qui ne sont pas destinées à l’autoconsommation. Il faut absolument que l’agriculteur qui met des modules sur sa toiture, que les hangars recouverts puissent bénéficier d’un meilleur retour sur investissement.» Une initiative parlementaire est en traitement pour augmenter la rétribution unique versée aux propriétaires qui ne bénéficient pas de leur production.

Adoptée en septembre, la nouvelle loi sur le CO2 va également soutenir le photovoltaïque, «surtout en favorisant l’installation de pompes à chaleur dans les bâtiments», indique le conseiller national. C’est combinée avec des panneaux PV posés sur le toit que cette source d’énergie est la plus intéressante.» Les bénéficiaires potentiels devront toutefois prendre leur mal en patience puisque l’UDC et les activistes du climat ont lancé le référendum contre ce texte.

Développer de nouveaux modèles

«Il faut aller plus loin et revoir toute la philosophie du système, complète l’ingénieur Lionel Perret. A l’heure actuelle, le consommateur paie le même prix, que son courant vienne de Pologne ou du toit de son voisin.» Certains experts travaillent déjà sur des modèles de tarification en fonction de la provenance géographique de l’électricité.

La révolution solaire n’a donc pas encore connu son épilogue. Une révolution qui profite aussi à l’économie: depuis le début de la pandémie, indique Lionel Perret, l’installateur vaudois Helion a reconverti plusieurs personnes dans la pose de modules photovoltaïques pour faire face à la demande.

[Sources : Le Temps, 28.10.2020, Aline Bassin]

Le Royaume-Uni cessera de vendre des thermiques en 2030

Le Royaume-Uni cessera de vendre des thermiques en 2030

A la suite de consultations extensives avec les constructeurs automobiles, le premier ministre confirme que le Royaume-Uni cessera de vendre de nouvelles voitures et nouveaux utilitaires à essence et au diesel d’ici à 2030″, indique le communiqué de Downing Street. Cette décision pourrait avoir des conséquences au niveau européen, puisque le marché britannique absorbe tout de même près de 13% des exportations de voitures allemandes et près de 8% des françaises. En France, justement, l’échéance reste fixée à 2040.

Un point ne change pas : la vente des véhicules hybrides. Elle devrait toujours cesser en 2035. « Bien que cette année ait pris un cours très différent de celui que nous attendions, le pays regarde vers le futur et veut saisir l’occasion de reconstruire plus vert », a déclaré pour M. Johnson. Le Royaume-Uni promet donc une « révolution industrielle verte », avec en ligne de mire, l’accélération d’une filière verte qu’il veut créatrice d’emplois. En effet, le chef du gouvernement britannique a aussi présenté un plan « en dix points » qui a pour objectif de placer le pays parmi les bons élèves, voire à l’avant-garde, dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Dans ce programme, il est notamment question de la promotion des véhicules électriques, mais aussi des transports à hydrogène, du développement de l’éolien offshore et du nucléaire. Un ensemble de mesures censé « créer et soutenir » jusqu’à 250 000 emplois. D’ailleurs, l’interdiction des modèles thermiques devrait pouvoir contribuer à l’objectif du pays qui est d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.

1,5 milliard d’euros pour accélérer le déploiement des bornes de recharge

Le coût de cette « révolution industrielle verte » est évalué à environ 13,4 milliards d’euros, dont 1,5 milliard pour accélérer le déploiement de bornes de recharge pour véhicules électriques.

La France et l’Espagne se font ainsi dépassées dans la course à l’interdiction des motorisations diesels ou à essence. Cependant, la Norvège reste de loin la nation la plus stricte sur le sujet. Elle a prévu d’interdire la vente de véhicules thermiques dès 2025.

De son côté, l’ONG Greenpeace a salué l’interdiction des nouveaux véhicules essence et diesel comme « un tournant historique dans l’action pour le climat ». Elle regrette toutefois que Boris Johnson « reste fixé sur d’autres solutions spéculatives, comme le nucléaire et l’hydrogène provenant d’énergies fossiles »

 

« Ne prenons plus les plantations d’arbres pour des forêts »

« Ne prenons plus les plantations d’arbres pour des forêts »

Dans une tribune publiée dans « Le Monde » du 15 août 2020, le botaniste Francis Hallé dénonce les grandes plantations d’arbres qui sont pour lui des opérations à but purement lucratif et qui contribuent à la déforestation et au changement climatique. Nous reprenons cette tribune qui montre ainsi à quel point nos forêts jardinées sont précieuses.

Tribune. Suffirait-il qu’un terrain soit couvert d’arbres pour que l’on puisse parler de forêt ? Je ne le pense pas, et le public prend trop souvent les plantations d’arbres pour de véritables forêts : en France, par exemple, on parle de la « forêt des Landes de Gascogne », alors que c’est une plantation de pins. Dans les deux cas, il s’agit d’arbres côte à côte, mais cela ne justifie pas de les confondre. Il est temps que cesse cette confusion entre deux ensembles d’arbres que tout sépare et qui s’opposent l’un à l’autre, car, en réalité, les champs d’arbres sont l’inverse des forêts, comme on va le voir. Après avoir comparé « forêts » et « plantations », nous verrons aussi à qui profite la confusion qu’il convient aujourd’hui de dénoncer.

Mais dès maintenant je tiens à rappeler que la Food and Agriculture Organisation (FAO) des Nations unies est responsable de cette confusion. Pour cette autorité suprême en matière de forêts au niveau mondial, « le terme de “forêt” inclut les forêts naturelles et les forêts de plantation », ce qui lui permet de prétendre que la déforestation mondiale, c’est du passé, et que la planète portait 400 millions d’hectares de forêts de plus en 2000 qu’en 1995.

La forêt est un écosystème naturel dont la mise en place n’a rien coûté à la société. Elle se compose d’arbres autochtones d’âges divers qui se sont implantés spontanément et de la faune qui leur est associée. Quelle que soit la latitude, elle abrite une diversité de plantes et d’animaux plus élevée que les autres végétations de la région considérée, la haute diversité animale étant liée à la diversité végétale, et spécialement à l’abondance des vieux arbres et du bois mort. Souvent importante, sa surface se compte en centaines, voire en milliers d’hectares, ce qui permet alors à la grande faune d’y trouver sa place.

En forêt, l’être humain n’a qu’un rôle de second plan : il n’en est pas l’auteur, mais se contente de l’exploiter – pour le bois, le gibier, les plantes médicinales et autres ressources. Les forêts tropicales abritent des ethnies forestières qui en sont les meilleures gardiennes et à qui elles fournissent tout ce qu’il leur faut pour y vivre sur le long terme. Les forêts des latitudes tempérées – en Europe, par exemple – sont entretenues par des corps de métier spécialisés : forestiers, bûcherons et gardes-chasses, dont les activités sont à ce point éloignées de l’agriculture qu’aucun ne songe à irriguer ni à utiliser en forêt des intrants provenant de la chimie de synthèse : ce serait inutile, puisque la forêt enrichit spontanément les sols qui la portent.

Système artificiel

Sur le plan économique, notamment pour la production et le commerce des bois, la forêt est très loin de représenter l’optimum, puisque la diversité biologique est antagoniste de la rentabilité économique. En contrepartie, cette diversité permet à la forêt de résister aux attaques parasitaires, aux violentes tempêtes et même aux feux, comme l’ont montré divers auteurs dont, tout récemment Joëlle Zask (Quand la forêt brûle. Penser la nouvelle catastrophe écologique, Premier Parallèle, 2019). La durée de vie d’une forêt naturelle ne doit rien à l’être humain ; elle est indéfinie et se compte souvent en millénaires, le facteur limitant étant un changement climatique.

La plantation d’arbres est un système artificiel dont la mise en place nécessite des investissements lourds ; elle comprend en principe une seule espèce, celle qui a été plantée. En France, c’est souvent un résineux exotique ; du fait de la plantation, tous les arbres ont le même âge. L’origine, la surface et la durée de vie de la plantation sont déterminées par les acteurs économiques en fonction des besoins du marché, sans référence à la biologie : la plantation d’arbres n’est donc pas un écosystème. La diversité végétale y est faible par définition, la diversité animale y est faible par manque de ressources alimentaires pour la faune. Quant à l’être humain, il n’habite pas durablement dans un « champ d’arbres », et il arrive qu’il se voie refuser le droit d’y pénétrer.

Sur le plan économique, la plantation d’arbres est très supérieure à la forêt, et elle se développe surtout dans les pays financièrement puissants. Ces plantations reçoivent de nombreux intrants – engrais, fongicides et pesticides –, ce qui altère les sols, avant d’être exploitées au stade de jeunes arbres adultes par des engins titanesques, des abatteuses et des broyeuses qui en quelques secondes les font tomber, les ébranchent et les tronçonnent avant qu’ils ne soient débardés par d’énormes poids lourds défonçant les chemins. Une courte période de rotation permet, après une coupe à blanc, la replantation de la même espèce au même endroit, ce qui a pour effet d’épuiser les sols, sauf à utiliser de nouveaux fertilisants. Je ne suis pas opposé aux plantations d’arbres : nous continuons à avoir besoin de bois, et elles continuent donc à avoir leur place dans notre économie, car il est préférable que le bois provienne des plantations plutôt que des forêts.

Plantation de pins communément appelée « forêt des Landes de Gascogne », près de Cestas (Gironde), en mai 2019

Tristes tropiques

Le fait que les plantations soient presque toujours monospécifiques les rend vulnérables aux pathogènes et aux parasites. En cas de violentes tempêtes, elles sont plus fragiles que les forêts, ce qui se comprend aisément dans le cas des résineux, à cause de la prise au vent de leur feuillage : lors de la tempête de 1999, la région de France où les arbres abattus par le vent ont été les plus nombreux fut celle des plantations de pins des Landes de Gascogne. « Rien n’est plus risqué qu’une culture monospécifique », relève le paysagiste Gilles Clément.

Les « champs d’arbres » sont aussi plus vulnérables aux feux que les forêts, comme l’ont démontré plusieurs enquêtes, dont celle de Joëlle Zask : les feux sont liés aux plantations, qu’il s’agisse de la Suède avec des résineux ou du Chili avec les eucalyptus. L’industrie forestière et les grands feux, dit l’auteure, forment « un couple inséparable ». Avec le temps, les plantations peuvent s’enrichir de quelques espèces arborescentes qui germent et croissent naturellement, traduisant une tendance au retour vers la forêt. En Suède, l’industrie du bois progresse aux dépens des forêts naturelles, et « jamais la Suède n’avait compté autant d’arbres et si peu de forêts », relève Maciej Zaremba dans son article« Massacre à la tronçonneuse en Suède » (Books, n° 99, juillet-août 2019). Particulièrement édifiant est le cas de la Malaisie, où la forêt est détruite pour planter des palmiers à huile à perte de vue.

Les régions tropicales, où 300 millions d’êtres humains vivent à proximité immédiate des forêts, sont particulièrement affectées par les aspects négatifs des plantations d’arbres – eucalyptus, pins, palmiers à huile, acacias, arbres à caoutchouc, tecks, gmelina, etc. – imposées par de puissantes compagnies internationales, souvent des compagnies pétrolières engagées dans le business des industries forestières (bois, pâte à papier, huile de palme). Ces compagnies prétendent, appuyées par des publicités massives, que leurs monocultures d’arbres constituent un véritable projet de développement, créent des emplois, augmentent les revenus des travailleurs locaux et stimulent l’économie nationale, permettent de lutter contre le réchauffement global du climat en fonctionnant comme des puits de carbone et réduisent la déforestation. Enfin, les industriels voient une justification de leurs plantations d’arbres dans le fait qu’elles sont certifiées FSC par le Forest Stewardship Council.

Confusion intolérable

Le World Rainforest Movement (WRM) a publié au Royaume-Uni, en 2003, Plantations are NOT forests (World Rainforest Movement), démontrant que ces allégations sont fausses : en réalité, les plantations d’arbres sont installées au détriment des forêts naturelles et sont l’une des principales causes de la déforestation ; elles ne freinent pas le réchauffement global, puisque le carbone des forêts détruites retourne dans l’atmosphère, tandis que les plantations, exploitées selon des rotations rapides, deviennent des sources de CO2 et non plus des puits ; elles ne créent aucun emploi durable, privent les populations locales des multiples ressources forestières, et bien souvent les expulsent au mépris des droits de l’homme, souvent par la violence. A la fin, dit le WRM en s’appuyant sur l’exemple de très nombreux pays tropicaux, les arbres ont disparu et les habitants n’ont plus d’emplois. Des mouvements de protestation se forment, comme le Réseau latino-américain contre les monocultures d’arbres, en Amérique tropicale. Quant à la certification FSC, elle a la valeur du FSC lui-même, laquelle s’est notoirement effondrée.

Cette confusion entre forêts et plantations d’arbres avantage les industriels du bois ou de la pâte à papier, qui accaparent les terres libres, y installent leurs dispositifs coûteux mais très rentables, puis tentent de nous faire croire que rien n’a changé et que les forêts sont toujours là. Leur publicité n’a pas cessé : un consortium d’industriels du bois a publié un Manifeste en faveur des forêts de plantation en France (Alliance forêts bois, 2012).

Mais la défense de la biodiversité est devenue un objectif si important au niveau mondial que nous ne pouvons plus nous permettre de tolérer la confusion que je dénonce aujourd’hui, si dangereuse pour la diversité animale et végétale. Un vœu, pour finir : que les forêts cessent de dépendre de la FAO, car elles font mauvais ménage avec l’agriculture. Ce dont nous avons besoin, c’est qu’une structure sous l’égide des Nations unies soit exclusivement chargée des forêts de la planète. 

Le Conseil national adopte la révision totale de la loi sur le CO2

Le Conseil national adopte la révision totale de la loi sur le CO2

Le Conseil national a adopté le 10 juin la révision totale de la loi sur le CO2. Le Conseil des Etats a quant à lui adopté cette loi le 25 septembre 2020. La Suisse prélèvera une taxe sur les billets d’avion et l’essence coûtera plus cher. Le Conseil national a donné son aval mercredi à ces mesures destinées à compenser les émissions de CO2. Le dossier retourne au Conseil des Etats.

Après plus de 12 heures de discussions, la Chambre du peuple, qui avait coulé le projet en décembre 2018, a adopté par 135 voix contre 59 la révision totale de la loi sur le CO2. Elle a suivi en grande partie les propositions du Conseil des Etats.

Le plénum a retrouvé un esprit constructif et il a surmonté les blocages de 2018, a relevé Roger Nordmann (PS/VD). Depuis, les grèves pour le climat et le renouvellement du Parlement ont changé la donne. La nouvelle loi doit permettre à la Suisse de concrétiser ses engagements contre le réchauffement climatique dans le cadre de l’Accord de Paris, signé en 2015.

Cette loi est attaquée par un référendum qui a abouti.

Vols en avion taxés

Par 132 voix contre 56, le Conseil national a accepté la taxe incitative de 30 à 120 francs sur les billets d’avion. Celle-ci sera perçue sur tous les vols en partance de la Suisse, selon la distance parcourue et la classe de transport.

En seront exemptés les vols de transit, les vols effectués à des fins médicales et ceux destinés à des fins souveraines. L’UDC et une frange du PLR s’y sont opposés, doutant de son effet incitatif et craignant qu’elle ne pénalise les familles les plus modestes.

La taxe retournera à la population et aux entreprises. Près de la moitié pourra alimenter le fonds pour le climat, a répondu Roger Nordmann au nom de la commission. Et ceux qui limiteront leurs vols gagneront de l’argent.

Les vols privés seront aussi taxés, entre 500 et 5000 francs en fonction de la taille de l’appareil. Mais contrairement aux sénateurs, le National ne veut pas inclure les avions légers, les vols effectués à des fins de formation ainsi que les vols d’usine et le travail aérien.

Essence plus chère

Les voitures et les camions devront devenir plus écologiques. Dès 2025, les importateurs de véhicules émettant plus de 95 grammes de CO2 par kilomètre compenseront jusqu’à 90% au maximum de ces émissions et 20% au minimum par des mesures en Suisse. Le prix du litre d’essence renchérira en conséquence de 10 centimes au maximum jusqu’en 2024 et 12 centimes au maximum à partir de 2025.

Le trafic routier est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre en Suisse, a argumenté la ministre de l’environnement Simonetta Sommaruga. Malgré les prescriptions en vigueur depuis 2012, elles dépassent de 1% le niveau de 1990.

Quelques PLR et l’UDC auraient souhaité limiter la hausse à 8 ou 10 centimes. La taxe va pénaliser la population des campagnes qui a besoin de circuler en voiture, a fait valoir Mike Egger (UDC/SG). Le recours à des véhicules plus écologiques permettra de réduire les frais, a répondu Mme Sommaruga.

Mazout plus cher

Par 133 voix contre 59, le Conseil national a accepté d’augmenter la taxe CO2 sur le mazout. Actuellement plafonnée à 120 francs par tonnes de C02, elle sera relevée jusqu’à 210 francs.

Les entreprises prenant spontanément des engagements pour réduire leurs émissions de CO2 pourront être exemptées de la taxe. Contrairement au Conseil des Etats, la Chambre du peuple veut que toutes les entreprises puissent en profiter, indépendamment du montant de la charge financière en CO2. Les sénateurs avaient prévu d’abaisser le seuil actuel de 15’000 francs à 10’000 francs.

Deux tiers des recettes de la taxe seront rétrocédées directement à la population (via une ristourne sur les factures d’assurance maladie de base) et aux entreprises (via les caisses de compensation AVS). Le tiers restant (450 millions de francs au maximum) et 49% des recettes provenant de la taxe sur les billets d’avion seraient dédiés au fonds pour le climat auquel le National a donné son feu vert.

Nouveau fonds

Cet instrument propose des mesures d’assainissement des bâtiments, la promotion de ressources renouvelables, la protection contre les dégâts climatiques et le remplacement des chauffages à mazout ou électriques.

La nouvelle loi sur le CO2 comprendra les objectifs de l’Accord de Paris: une limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré et une réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Au moins trois quarts des efforts seront effectués en Suisse.

Le National a également serré la vis concernant les bâtiments qui continuent d’utiliser des installations de chauffage au mazout. Il veut cependant introduire un délai transitoire de trois ans pour les cantons qui prennent déjà des mesures.

Le peuple aura le dernier mot. L’UDC a déjà averti soutenir le référendum. Le PLR a quant à lui déclaré en janvier 2021 qu’il soutient cette loi, comme de nombreuses associations économiques ou entreprises. La votation est prévue