La Suisse doit ramener à zéro net ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Le Conseil fédéral a adopté sa stratégie climatique à long terme. Elle se base sur la loi sur le CO2 révisée, combattue par référendum.
Lovée au coeur des Alpes, la Suisse souffre particulièrement du réchauffement climatique. Certaines années ont connu une hausse de plus de 2,5°C par rapport à la période préindustrielle. « C’est deux fois plus qu’au niveau mondial », a pointé Katrin Schneeberger, directrice de l’Office fédéral de l’environnement, jeudi devant la presse.
« Les dégâts du réchauffement climatique se voient déjà aujourd’hui », a complété la ministre de l’environnement Simonetta Sommaruga. Et de rappeler notamment l’approvisionnement en eau des vaches par hélicoptère lors de la dernière canicule. « La question n’est pas de savoir s’il faut agir, mais si l’on agit assez vite. »
Loi sur le CO2
Le Conseil fédéral a donc adopté mercredi une stratégie climatique à long terme pour atteindre ses objectifs, déjà connus depuis 2019. La loi sur le CO2 révisée, adoptée en automne par le Parlement, y joue un rôle central. Elle permettra de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre de la Suisse d’ici 2030 et pose les jalons en vue de la réalisation de l’objectif de zéro net pour 2050.
La stratégie fédérale ne propose pas de mesures concrètes. Elle indique seulement les domaines dans lesquels il faut agir en priorité, a précisé Simonetta Sommaruga. Elle montre aussi et surtout que l’objectif est non seulement nécessaire, mais réalisable et financièrement acceptable.
Bâtiments et transports en tête
Concrètement, la Suisse devrait pouvoir réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs des transports, du bâtiment et de l’industrie de près de 90% d’ici 2050. Les émissions des secteurs du bâtiment et des transports pourront être ramenées à zéro. Les carburants renouvelables et durables ainsi que les nouvelles technologies de propulsion utilisés dans l’aviation offrent eux aussi un potentiel de réduction des émissions.
Dans le secteur de l’industrie, les émissions liées à la consommation d’énergie pourront être presque totalement évitées. Le secteur de l’agriculture et de l’alimentation fait moins bonne figure. Le potentiel de diminution ne s’élève qu’à 40%.
Captage et stockage du CO2
En 2050, quelque 12 millions de tonnes d’équivalents-CO2 seront encore émises dans les secteurs de l’industrie, des déchets et de l’agriculture. Elles pourront être compensées grâce aux technologies de captage et de stockage de CO2 (CCS) et d’émission négative (NET).
Les CCS consistent à capter les émissions de CO2 des installations des secteurs de l’industrie et des déchets directement à la source. Les NET sont quant à elles utilisées lorsque les émissions ne peuvent pas être directement captées, notamment dans le secteur de l’agriculture. Elles permettent de retirer le CO2 de l’atmosphère et de le stocker durablement.
Economies en milliards de francs
La ministre de l’environnement a reconnu que les investissements nécessaires à la réalisation de l’objectif zéro émission d’ici 2050 sont coûteux. Quelque 109 milliards seront nécessaires. Le montant ne représente toutefois que 8% des 1400 milliards nécessaires pour les investissements dans le système énergétique sans objectif de réduction.
Ne rien faire serait plus coûteux à long terme, a également souligné Simonetta Sommaruga. « Plus on attend, plus les mesures seront coûteuses et difficiles ». Si la hausse de la température mondiale se poursuit, les coûts correspondront à 4% du PIB annuel de la Suisse en 2050, selon les études disponibles.
En revanche, si l’on parvient à limiter l’élévation de la température à 1,5°C, les coûts ne représenteraient plus que 1,5 % du PIB. Le bénéfice serait ainsi d’environ 2,5% du PIB, soit d’environ 20 à 30 milliards de francs. La hausse des coûts d’un réchauffement climatique non maîtrisé étant exponentielle, cet avantage s’accroît considérablement sur le long terme.
ats/jp